La composition en photographie c’est choisir les éléments qui vont constituer notre image. De quelle manière nous allons les disposer pour attirer l’œil du spectateur vers ce que nous voulons lui montrer ou lui suggérer.
Dans cet article, je distingue :
- Le cadrage (qu’est-ce que nous allons mettre dans notre tableau ?)
- La composition (comment allons-nous disposer les différents éléments ?)
- La profondeur (qui permet au spectateur de voir une scène en trois dimensions dans un tableau en deux dimensions)
- Les contrastes (pour mettre en valeur les éléments que nous voulons montrer)
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Le cadrage
La photographie est un rectangle horizontal ou vertical qui emprisonne une scène extraite d’un univers beaucoup plus vaste. Pour le spectateur qui verra l’image, ce qui ne sera pas dans le cadre n’existera pas. D’où l’importance de bien déterminer notre cadre. Montrons ce que nous avons choisi et laissons au spectateur la liberté d’imaginer ce qui est autour du cadre.
L’œil du photographe
Orientation horizontale dite « en paysage »
Si pour certain la composition d’une image est innée, la pratique permettra aux plus nombreux de s’habituer à faire des cadrages réussis. C’est un exercice de l’esprit : devant un paysage, une scène de rue, un spectacle, nous pouvons toujours imaginer le tableau que nous pouvons en faire. En regardant un film, nous pouvons nous amuser à observer le travail du cadreur, chaque plan étant un nouveau tableau.
L’heure des choix
Quand nous faisons le choix de capturer une image, nous devons nous poser une série de questions :
- Quel est le sujet principal que nous voulons présenter ?
- Quel sera l’arrière-plan ?
- Est-ce que nous aurons un premier plan différent du sujet ?
- Où allons-nous nous placer par rapport au sujet ?
- Est-ce que nous allons choisir un angle large ou est-ce que nous allons serrer notre cadrage ?
- Est-ce que nous allons opter pour une orientation horizontale, dite en « paysage » ou pour une orientation verticale, dite en « portrait » ?
Je ne vais pas apporter de réponses à ces questions qui seraient différentes d’une prise de vue à l’autre et d’un photographe à l’autre. Mais il y a quelques erreurs à ne pas commettre.
Conseils
Orientation verticale dite « en portrait »
- Respectez les lignes droites. La ligne d’horizon, en particulier doit toujours être parfaitement horizontale. Les murs des maisons doivent être verticaux.
- Évitez les éléments inutiles à la photo qui vont apparaître le plus souvent sur les bords (une branche, un panneau de signalisation, l’ombre d’un sujet qui n’est pas sur la photo…) Zoomez ou déplacez-vous pour éliminer ces éléments parasites. Sinon, ils devront être supprimés en post-traitement.
- Soyez mobiles, avancez, reculez, zoomez, dézoomez. Baissez-vous pour photographier un enfant ou un animal (mettez-vous à son niveau) Photographiez un arbre en contre-plongée pour qu’il se détache sur le ciel. Montez sur une chaise ou un escabeau pour prendre un élément en plongée.
- Votre sujet principal doit occuper une place prépondérante dans l’image. Il ne doit pas être « mangé » par des objets secondaires.
- Faites des choix francs. Votre sujet doit être placé à un endroit stratégique de l’image. C’est ce que vous voulez montrer au spectateur.
- Si vous voulez couper un personnage dans une composition, faites-le au niveau de la ceinture ou au niveau du buste. Une coupure au niveau du cou est de goût douteux. Une coupure au niveau des chevilles ou du front est un défaut évident de cadrage.
La composition de l’image
L’étude du cadrage nous a permis de définir quels sont les éléments qui vont entrer dans notre image. Maintenant voyons comment les organiser pour que notre composition soit harmonieuse et agréable à regarder. Il existe un certain nombre de règles (règle des tiers, équilibre des masses, contrastes…) qu’il convient de connaître sans en faire des dogmes. Ce n’est que quand nous maîtriserons ces règles que nous pourrons nous en affranchir pour libérer notre créativité.
La règle des tiers
C’est un principe très connu dans la composition des images. Il est hérité de la règle d’or, chère aux architectes de l’antiquité, aux constructeurs de cathédrales ou aux peintres de la Renaissance. Cette règle consiste à placer à des endroits stratégiques de l’image des éléments sur lesquels nous voulons attirer l’attention du spectateur. Ces endroits correspondent à des lignes ou à des points sur lesquels la vision se porte spontanément.
Pour ce faire nous divisons l’image en neuf parties égales en traçant deux lignes verticales et deux lignes horizontales. Ce sont les lignes de tiers sur lesquelles nous positionnerons des éléments de l’image : l’horizon, un arbre, un clocher, un personnage…
Les quatre intersections formées par ces lignes sont les points de force sur lesquels nous positionnerons des éléments plus précis.
Pour illustrer mon propos, voici cette image : l’horizon suit une ligne de tiers, ainsi que le pêcheur. La lune se situe sur un point de force (je l’ai un peu aidée en post-traitement !)
L’espace visuel
Nous voulons photographier un personnage et nous allons appliquer la règle des tiers. Par définition, nous avons deux lignes verticales pour placer notre sujet. Laquelle allons-nous choisir ? Celle qui laisse un espace visuel au personnage.
C’est valable également pour le mouvement. Un sportif qui va s’élancer pour un 100 mètres aura devant lui la partie la plus large de l’image.
Sur cette photo, la personne a devant elle un espace visuel et un espace pour le déplacement. On n’envisage pas de la placer sur le tiers droit de l’image. Cette photo illustre également un conseil énoncé plus haut : on a coupé la personne franchement, au niveau de la ceinture.
Les diagonales
Si notre composition comporte des lignes diagonales, nous allons essayer de les faire partir de l’angle de l’image ou de l’angle formé par une ligne de tiers et le bord.
Les lignes horizontales et verticales stabilisent l’image alors que les diagonales guident le regard. Nous pourrons placer les diagonales pour qu’elles conduisent l’œil du spectateur jusqu’au sujet.
Dans la photo ci-dessous les bords de l’allée sont placés dans les angles inférieurs de l’image. Ils conduisent à la porte de l’orangerie, comme une invitation à y entrer. Notons la position des lignes de tiers.
Qu’est-ce qui attire l’œil ?
Le but de la composition est de transmettre un message ou une impression en guidant l’œil du spectateur vers un sujet. Alors, qu’est-ce qui attire l’œil ?
Ce qui est net. Nous veillerons à faire la mise au point sur le sujet et nous favoriserons le flou dans l’environnement.
Ce qui prend de la place : le sujet devra avoir un volume important dans l’image. Si le sujet est seul, nous n’hésiterons pas à faire un cadrage serré.
Ce qui est vivant : l’œil sera attiré en priorité par l’être humain ou s’il n’apparaît pas, par un objet qui évoquera sa proximité. Ensuite viendront les animaux puis les végétaux.
Les zones claires et les contrastes : les zones les plus claires attirent le regard. Nous éviterons par conséquent d’avoir des zones claires en arrière-plan qui peuvent troubler la perception de l’image. Par contre, les éléments contrastés (sombres sur fond clair) ressortiront dans la composition.
Les couleurs : les couleurs saturées attirent plus le regard que les couleurs fades. Plus précisément les couleurs chaudes (rouge, jaune, orange) sont plus attractives que les couleurs froides (bleu ou vert).
Ce coquelicot ressort par rapport à son environnement. Il est net et de couleur chaude, le fond est flou et de couleur froide, plutôt dessaturé.
Savoir ce qui attire l’œil a deux objectifs :
- mettre en valeur ce que nous voulons montrer au spectateur,
- éliminer des éléments qui n’ont pas d’intérêt dans notre composition.
La composition symétrique
Maintenant que nous connaissons les règles de composition et en particulier la règle des tiers, je voudrais aborder une autre pratique relativement courante : la composition symétrique.
Je ne répèterai jamais assez que chacun de nous doit faire les photos qu’il souhaite. Aucune règle de composition n’est dogmatique. Alors la symétrie, pourquoi pas ?
- dans le portrait, elle va accentuer l’expression d’un visage.
- dans un paysage elle peut être très opportune, à condition de le faire franchement. Comme ici, il y a la terre et le ciel, peu contrastés, séparés par une ligne fine d’arbres et de maisons, d’un bout à l’autre de l’image. La présence de l’humain est insignifiante entre la lande aride et le ciel menaçant.
- en architecture, elle va souligner l’équilibre et la force d’une construction. Ce pont occupe toute la photo. Sa symétrie renforce la perspective. Nous distinguons l’autre bout de la route. Nous sommes invités à franchir le pont en toute sécurité.
La troisième dimension
La bonne composition d’une image doit permettre de la voir en trois dimensions, pour donner une impression de profondeur. Pour nous y aider étudions dans les paragraphes suivants la perspective, l’équilibre des masses, la profondeur de champ et les contrastes .
La perspective
Des éléments de taille identique auront, avec la perspective des tailles relatives de dimensions différentes. Les plus lointains seront plus petits. Cette constatation est bien sûr banale mais placer un sujet en premier plan donne cette impression de profondeur.
La perspective dépend de la distance que nous avons avec le sujet. Plus nous sommes proches du sujet, plus la perspective est forte. Si nous nous éloignons du sujet, la perspective s’atténue. C’est un des choix que nous aurons à faire au moment de la prise de vue.
Ces deux tasses sont de dimensions identiques mais avec la perspective, la première paraît plus grande que la seconde. Au premier plan, nous avons le sujet (tasse bleue). La tasse rose devient un faire-valoir du sujet. Si nous comparons avec la photographie de l’orangerie dans un paragraphe précédent, les tasses sont plus éloignées de l’objectif. Par conséquent, elles ne participent pas à l’impression de perspective. Ce sont les diagonales qui produisent l’effet.
L’équilibre des masses
La règle de l’équilibre des masses consiste à rapprocher l’élément le plus lourd de la composition vers le centre de l’image. C’est une règle qui est assez intuitive. Sur la photo ci-dessus, chaque tasse est placée sur une ligne de tiers. Mais comme celle du premier plan est de taille relative plus grosse, elle empiète sur la ligne médiane de l’image.
La profondeur de champ
Un bon réglage de la profondeur de champ donnera une impression tri dimensionnelle. Le sujet principal doit être plus net que les autres éléments de l’image. Nous ferons la mise au point sur le sujet tout en augmentant la profondeur de champ pour avoir un flou d’arrière-plan.
Les contrastes
Dans une image, un élément contrasté ressortira par rapport à son environnement. Nous veillerons à ce que celui-ci soit notre sujet.
- Contrastes des luminosités : clair sur fond foncé ou foncé sur fond clair
- Contrastes des couleurs : éléments colorés sur fond grisâtre ou pastel. Ça ne fonctionne pas dans l’autre sens, on ne fera pas ressortir un élément fade sur un fond coloré.
- Contrastes des matières. Comme nous l’avons vu, le vivant attire l’œil. Cette rose est nette, sur fond plus flou. Elle est claire sur fond plus sombre. Elle est vivante sur fond minéral. Notons la présence de la tige qui part en diagonale de l’angle de la photo pour rejoindre la fleur qui occupe le centre.
Histoire d’une photo
Ne cherchons pas dans cette photographie une illustration des règles de composition. Distinguons en bas à droite le mur du barrage de Grangent qui forme un lac de 3.65 km² sur la Loire. Ce barrage marque une transition sur le fleuve. En amont la Loire est dite « sauvage ». Elle parcourt une centaine de kilomètres avec un dénivelé de plus de 1000 mètres. En aval le fleuve est tranquille : il lui reste 900 kilomètres à suivre pour rejoindre l’Atlantique avec un dénivelé de seulement 400 mètres.
J’ai suivi le cours de la Loire sauvage de sa source, au Mont Gerbier de Joncs, jusqu’au barrage. Ce point d’arrivée que je connais est net sur l’image. La perspective de la plaine qui part à l’infini est une invitation à suivre le cours du fleuve. On le distingue jusqu’au premier méandre, puis c’est l’inconnu, l’espace devient de plus en plus flou.
Conclusion
Nous avons vu les règles de La composition en photographie. Il est important de les connaître et de les pratiquer. Ensuite, voir des peintures et des photographies pour étudier de quelle manière elles sont composées, et ce qui attire l’œil. Finalement libérer sa propre créativité en s’affranchissant (ou non) des règles de composition.
Comme je l’ai dit plus haut les règles de composition ne sont pas un dogme mais attention de ne pas tomber dans le piège inverse. La tendance actuelle (cancel culture) à rejeter des millénaires d’art et de traditions, touche également la photographie. L’abolition de toutes règles, la promotion du laid s’expriment à longueur d’expositions. Et là, il s’agit vraiment de dogme.
Mon ami Roger Jourdain, seul photographe français à avoir obtenu le titre de meilleur photographe du monde en 2016 et 2017 (seul européen à l’avoir obtenu deux fois) refuse de s’affranchir des règles fondamentales de l’esthétique. Je vous invite, avec son autorisation, à visiter son site et à vous y attarder pour voir de très belles photographies:
Dans mon prochain article de la rubrique « Nos belles photos », j’aborderai l’Exposition, alors à très bientôt.
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